La Tribune Ville de Mars 2022

1, March 2022

Il y a quelques semaines, le livre “Les Fossoyeurs”, écrit par le journaliste Victor Castanet, a eu un grand retentissement. L’objet du scandale : les mauvais traitements décrits dans l’ouvrage à l’encontre de pensionnaires de certains établissements d’hébergements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) privés, révélant un système où tous les établissements sont pilotés dans un objectif de rentabilité maximum de l’activité.

Les soins d’hygiène, la prise en charge médicale voire les repas sont “rationnés” pour améliorer la rentabilité du groupe coté en bourse. L’alimentation est complétée par de la poudre protéinée (remboursée par l’assurance maladie pour réaliser des économies). Le nombre de personnels aidants y est moins élevé que dans les établissements publics. Les contrôles inopinés des services de l’Etat et des départements (en charge du financement de la dépendance) y sont quasi inexistants.

Les témoignages parus depuis cette date sont accablants et nous interrogent sur les politiques mises en œuvre pour la gestion de la dépendance.

Alors que les tarifs de ces établissements sont prohibitifs (de 3000 à 8000€ mensuels) et bien plus élevés que dans les établissements publics, les conditions d’accueil y sont inhumaines et inacceptables.

Comment ne pas être révolté de lire les conditions d’accueil de nos aînés, de nos proches dans ces établissements privés guidés par le profit ?

Selon l’Echo Républicain, les Jardins de Chartres, EHPAD du groupe ORPEA, serait également dans le viseur de l’Agence régionale de santé suscitant légitimement l’inquiétude des familles ayant des proches logés dans cet établissement.

Cette affaire doit nous interroger sur l’opportunité de confier les EHPAD au secteur privé lucratif mais également sur les moyens consacrés à la dépendance et à l’accueil de nos proches vieillissants.

Malgré des personnels aidants et soignants qu’il faut saluer pour leur engagement et qui ont souvent souffert pendant la crise sanitaire, la gestion financiarisée de ces établissements privés à but lucratif ne se préoccupe pas de l’accompagnement de ses résidents et de l’investissement de ses personnels. Il faut y mettre fin sans remords.

Des personnes restées à domicile aux établissements de type EHPAD, toutes les politiques de soutien à l’accompagnement de la dépendance doivent être développées. Des moyens doivent être mis sur la table.

A Chartres aussi, le vieillissement de la population devrait nous interroger sur les politiques d’accompagnement des personnes en perte d’autonomie (en 10 ans, les personnes âgées de 60 à 74 ans ont augmenté de près de 50%, source DREES). Des besoins colossaux vont apparaître dans les prochaines années.

Alors que les besoins sont croissants, le Maire de Chartres et président du Conseil de surveillance de l’Hôpital a annoncé la fermeture prochaine des EHPAD de l’Hôtel Dieu et de Marcel Gaujard, réunissant à eux deux 182 places, pour une ouverture d’un nouvel EHPAD public de 160 places à Rechèvres. Insuffisant. Pendant ce temps, la municipalité et le département sont désespérément silencieux sur les politiques menées pour l’accompagnement de la dépendance.

Nos ainés et leurs familles méritent une vraie réponse à l’échelle de la ville et de l’agglomération afin que les prix restent maitrisés et que la qualité de service soit au rendez-vous des attentes.

Quentin Guillemain, Brigitte Cottereau, Jean-François Bridet et Olivier Maupu

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