29, April 2022
Le conseil communautaire du 5 mai doit se prononcer sur le 2ème Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés (PLPDMA).
Un sujet on ne peut plus important quand on mesure le coût du tri et de l’élimination des déchets mais aussi leur impact écologique. Chaque habitant de l’agglomération produit en moyenne 580 kg de déchets ménagers par an…
La loi « Grenelle 2 » portant engagement national pour l’environnement rend obligatoire l’élaboration de ces programmes par les collectivités. L’enjeu est simple : le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit.
Réduire la production de déchets est indispensable pour le climat et pour la préservation des ressources naturelles : ce doit être la priorité devant le recyclage ou le traitement des déchets, y compris s’il crée de l’énergie.
A travers ces programmes, il s’agit de rendre les collectivités volontaristes en matière de prévention des déchets, qu’elles fédèrent autour d’elles les partenaires associatifs, les représentants du monde économique, les bailleurs sociaux… , qu’elles aident leurs administrés à changer de mode de fonctionnement dans leur vie de tous les jours….
C’est aussi la demande expresse du GIEC : agir sur nos modes de vie, nos habitudes de consommation et de production… surtout dans les pays développés et surtout pour les individus ayant « un statut socio-économique élevé ».
A Chartres Métropole, on a élaboré ce 2ème programme uniquement parce que c’est une obligation… Le 1er n’avait pas atteint ses objectifs faute notamment de moyens humains pour l’animer, faute également d’une réelle volonté, nécessaire pour faire travailler ensemble les différents acteurs impliqués. Il y a pourtant une commission où sont représentés un certain nombre d’entre eux mais elle ne s’est pas réunie pendant plus de deux ans… Résultat : les partenaires se lassent et mènent leurs projets seuls ou les abandonnent.
Réactivée pour valider le 2ème programme, la commission n’a pas réussi à remobiliser : la salle semblait bien vide, les élus membres notamment, brillaient par leur absence…
Chartres Ecologie a souligné le peu d’ambition de ce plan qui n’est pas du tout à la hauteur des enjeux :
- beaucoup de « mesurettes » et d’actions ne dépassant pas le niveau de la communication : un kit pour aider les associations organisatrices de manifestations à réduire leurs déchets, la création d’un « univers graphique » sur la réduction des déchets…
- beaucoup de déclarations d’intention comme « rendre Chartres métropole et les services de la ville de Chartres exemplaires » : pourtant, l’impression massive des revues votre ville et votre agglo et leur diffusion à tous les conseillers municipaux y compris en dehors du périmètre de l’agglomération continue et les bouteilles d’eau en plastique, interdites en distribution gratuite depuis le 1er juillet 2021, continuent à être en libre-service dans les réunions…
Derrière cette problématique des déchets, c’est un modèle de société différent que nous souhaitons promouvoir, plus respectueuse des ressources et des cycles naturels, qui passe par :
- supprimer les achats inutiles (produire et consommer sans fin n’est pas la finalité de l’existence humaine…)
- promouvoir et organiser une 2ème vie pour les objets, les vêtements (Nous saluons l’ouverture prochaine de la première recyclerie du territoire, portée par une association et nous souhaiterions que Chartres Métropole la soutienne plus activement et duplique ce type de projet sur le territoire)
- lutter contre les emballages inutiles, surtout en plastique : un travail conjoint avec les supermarchés pourrait être entrepris…
- multiplier les possibilités de gestion des déchets compostables afin qu’ils sortent des circuits d’incinération. Il nous faut réapprendre ce que nos grands-parents faisaient naturellement et le mettre en œuvre dans le contexte d’aujourd’hui : chacun doit pouvoir trouver le moyen que ses bio-déchets soient compostés et non plus incinérés.
- lutter contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective, oui mais aussi s’interroger sur la qualité des repas servis dans les écoles, les hôpitaux, les EHPAD… : quand c’est bon, les repas sont consommés et pas jetés…
Il y a une responsabilité citoyenne derrière cette démarche mais elle doit être accompagnée par le politique. Un travail de sensibilisation, d’éducation doit être mené et des actions concrètes organisées qui peuvent aussi recréer du lien social et de la convivialité dans les quartiers….
La consultation publique (obligatoire) sur ce programme était une occasion : des réunions de présentation auraient pu se tenir ainsi que des manifestations ludiques autour de la réduction des déchets. Certains partenaires savent faire.
Une occasion qui n’a pas été saisie et 50% des personnes ayant participé à la consultation ont été « hors sujet » : elles ont exprimé des préoccupations de tri et non de réduction des déchets.
Oui, le sujet est complexe mais certaines collectivités ont réussi à le mettre à la portée de tous avec des résultats probants : pourquoi ne pas s’appuyer sur eux ? (par exemple : en 10 ans, 34 % de réduction de déchets dans l’agglomération comparable de Besançon, avec pour corolaire, des investissements évités dans les incinérateurs).
A Chartres métropole, on préfère investir sur l’incinération et on s’insurge que les coûts de mise aux normes deviennent exorbitants (les travaux nécessaires pour mettre en conformité l’usine d’incinération de Mainvilliers avec les nouvelles normes ont été estimés à 30 millions d’euros… ).
L’incinération de déchets productrice d’énergie peut sembler vertueuse mais ces installations doivent fonctionner à capacité constante (il faut éviter les « vides de four »). Cela vient contrarier une politique volontariste de réduction des déchets qui obligerait à rechercher de nouveaux déchets (toujours plus loin) pour alimenter les fours.
Et l’incinération génère des fumées dont le traitement est couteux et des déchets très toxiques, les REFIOM, qui doivent être transportés vers un site d’enfouissement spécifique.
La réduction des déchets est de loin la politique la plus efficace contre les émissions de CO2, bien loin devant le recyclage ou toute forme d’élimination…
C’est pourquoi, n’ayant pas été entendus lors du travail de la commission pour « doper » ce programme de prévention des déchets, nous avons voté contre lors de la commission et voterons contre lors du conseil d’agglomération.
Pour Chartres Ecologie, Brigitte Cottereau, Conseillère municipale et communautaire.