18, September 2022
1, 2, 3, nous irons au bois
Un arbre, ça pousse tout seul ?
Un arbre aime être accompagné d’un ou plusieurs de ses congénères, d’arbustes, d’herbacées. Il ne peut se passer d’un vrai sol, c’est à dire des champignons, des bactéries qui pourront lui préparer les nutriments nécessaires, décomposer la matière organique et échanger des matières par les racines à l’abri des regards. Inutile de le planter sur une terre raclée sur le plateau des grandes cultures, il végètera sans ses alliés. Un arbre, c’est l’émanation de tout un système invisible. Mais c’est aussi un membre d’un groupe qui se soutient dans le vent, la pluie, pour calmer le gel et tamiser la lumière. Les auxiliaires, insectes, chauves souris, écureuils, oiseaux passent insensiblement de l’un à l’autre.
On compense un arbre par un autre ?
Les arbres ont aussi leur histoire et racontent leur temps. Depuis Henri IV, les murailles autour des villes ont été remplacées progressivement par des avenues et des boulevards bordés d’arbres, pour leur ombre, leurs odeurs, leurs couleurs. La plantation individuelle n’est pas envisagée, elle est celle d’un ensemble qui a ainsi sa pérennité : alignement, quinconce, bosquet, parc. Le sol est perméable, au moins herbeux, vivant. La pluie s’infiltre, l’humidité subsiste plus longtemps, la température décroît.
La fosse individuelle apparaît avec Alphand au 19° siècle sur les trottoirs minéraux. Avec l’irrigation aujourd’hui, la plantation en pots, le substrat nutritif, les arbres interchangeables deviennent les otages d’une construction sans limite.
A leur « juste place » ?
On n’est pas « marronnier d’Inde », « sophora du Japon » ou « tilleul de Hollande » par hasard ; on naît d’une plantation dans un contexte avec une valeur symbolique ou pour des usages.
Et évidemment les besoins d’espace changent dans le temps, l’ombre et les portées de branches aussi. Commencées tôt et pratiquées régulièrement, les tailles pratiquées depuis longtemps n’épargnaient pas les arbres. Rideaux, marquises ou simples trognes héritées des paysans ont contenu ce volume. La longévité est prolongée par la coupe régulière de ses branches. Au point où aujourd’hui les ports travaillés (un tronc dégagé et des branches qui partent au même niveau) sont la silhouette des arbres dans notre inconscient. L’arbre, ces cellules en réseau, accepte beaucoup.
Ce texte poétique et scientifique à la fois nous a été transmis par François Roumet, architecte-paysagiste et enseignant au département écologie de l’Ecole Nationale du Paysage de Versailles. Au sujet des trois marronniers, il a établi une expertise jugée partisane par le maire lors du conseil municipal du 15 septembre. Au sein de Chartres Ecologie les nombreuses expertises ne sont pas moins crédibles parce que leurs auteurs ont des convictions mais notre combat et notre projet sont d’autant plus solides et pertinents qu’ils s’appuient sur des compétences et des expériences nombreuses en matière juridique, sociale, alimentaire, énergétique, urbaine, culturelle, climatique etc.
Il a beaucoup été question d’arbres, de béton et de parkings lors du dernier conseil municipal où le maire a précisé, avec sagesse pour une fois, que le rôle de l’arbre comme « puit de carbone » contre le dérèglement climatique était plus fort encore lorsque son bois finissait par être utilisé dans la fabrication d’objets et l’édification de bâtiment : CHICHE !
Depuis plus de vingt ans de projets gorgiens, c’est pourtant un déluge de béton, d’acier et de verre qui s’abat sur Chartres : durs, froids, énergivores, destructeurs de ressources non renouvelables, ces matériaux doivent céder la place au recyclable, au démontable et au biosourcé.