La tribune Ville Juin 2024

17, August 2024

Chartres, ville accueillante ?

Lors du conseil municipal de mars 2024, à l’issue du vote pour la vente des terrains de l’ancienne caserne des pompiers à Bouygues Immobilier, nous nous sommes émus avec J. Marre de l’avenir à court terme du Point Refuge, accueil de jour social ouvert toute la semaine sur le site. La réponse évasive du maire « ne vous inquiétez pas, nous allons nous occuper de ces gens-là » ne nous a pas rassurés et s’ajoute à l’incertitude de l’avenir du Foyer d’Accueil Chartrain, chargé entre autres missions sociales de l’hébergement d’urgence, dont les locaux sont inclus dans le périmètre réaménagé du projet urbain du « plateau Nord-Est ».

Nous demandons à la majorité municipale de garantir l’avenir immobilier de ces structures essentielles pour accueillir et accompagner les détresses humaines de toutes sortes. En effet, les associations qui ont l’expérience et la compétence pour faire face aux détresses sociales, psychologiques et économiques sont les mieux placées pour incarner notre solidarité envers les plus fragiles ou les plus perdus de nos semblables, au-delà de la simple réponse à la crise du logement. Il s’agit pour notre ville-préfecture d’assumer son obligation morale d’hospitalité républicaine vis-à-vis de tous les publics : réfugiés climatiques ou politiques du monde entier mais aussi jeunes maltraités dans leur famille ou femmes violentées dans leur foyer.

Le projet d’attractivité touristique et d’embourgeoisement de la population (gentrification) assumé par le maire assèche peu à peu l’offre de logements économiques à Chartres : meublés de tourisme (Airbnb) à la place du parc diffus en centre-ville et résidences de standing (avec environ 20% de logements intermédiaires dits sociaux mais inaccessibles aux plus précaires) à la place du parc social qui tend à être peu à peu démoli plutôt que rénové.

Dans le quartier de Bel-Air, entre l’allée de Touraine et l’allée de Champagne, Chartres Métropole Habitat laisse depuis des années des dizaines de maisons parfaitement habitables inoccupées tandis que la durée d’attente des demandeurs de logement est d’environ 18 mois. Cela illustre simplement la stratégie de spéculation foncière menée par la majorité : dès que les derniers habitants auront quitté les dernières maisons, le site et sa vue sur la cathédrale seront offerts au promoteur le plus offrant. Une autre politique est possible : après surélévation et rénovation, éventuellement articulées avec des dispositifs de formation d’habitant.es du quartier, ces maisons offriraient une opportunité pour reloger, entre autres, des habitant.es des immeubles voisins durant la rénovation thermique de ces constructions. En effet, à l’exception d’un seul immeuble, et contrairement aux affirmations du maire, aucune isolation n’a été posée sous les fresques monumentales peintes à grands frais en 2008 où il a été choisi de décorer plutôt que de réduire les charges effectives des locataires.

En 2026, nous proposerons avec d’autres citoyen.nes la vision et le projet d’une ville qui n’exclue pas mais qui accueille et accompagne sans préjugé pour favoriser la mosaïque des cultures, des vécus, des forces et des faiblesses qui fait société sans trompe-l’œil .