La Tribune Ville de Mars 2023

22, August 2023

800 logements par an !

La majorité a modifié en 2015 le Plan Local d’Urbanisme (PLU) rendant les règles de construction très complaisantes envers les promoteurs immobiliers. Conséquence : le rythme de construction de logements à Chartres a explosé.

Le Maire a affirmé, dans un article paru dans l’Actu du 19 janvier 2023 : « Nous construisons 800 logements chaque année depuis 2017 ».

Ce chiffre est à mettre en parallèle avec les derniers chiffres INSEE de la population de notre ville qui n’a fait que baisser ces 20 dernières années : 40 361 habitants en 1999, 38 840 en 2013, et 38 534 lors du dernier recensement ! Dans ce même laps de temps, le parc total de logements s’est pourtant accru d’environ 3 000 logements, soit une moyenne d’environ 150 logements supplémentaires par an. D’où ce paradoxe : on construit mais la population ne fait que baisser !

Les logements créés sont le plus souvent des produits d’investissement de propriétaires bailleurs. Ils ne répondent pas véritablement aux besoins des ménages. Ce sont des collectifs aux appartements de plus en plus petits, dans des contextes contraints. Le taux de logements vacants explose : il est passé de 1 314 en 1999 à 2 560 en 2019. Plus on construit, plus la vacance des logements augmente.

 

Les sociétés Chartres Développement immobiliers, présidée par Mme Fromont (1ère adjointe), et Chartres Aménagement, présidée par M. Masselus (2ème adjoint), contribuent, par leurs opérations, à accélérer le rythme de construction. Mme Dorange (3ème adjointe), administratrice de Chartres Développement immobiliers, signe les permis de construire. Le tribunal administratif a déjà jugé certains permis non conformes au PLU voté par ces mêmes élus.

 

Augmenter à ce point le rythme de construction démontre une absence de maîtrise. Nombre d’opérations immobilières sont d’une violence rare pour les riverains qui voient pousser des immeubles surdimensionnés et déstructurants dans des rues paisibles. Les arbres et la nature en ville disparaissent sous le béton des immeubles et des parkings souterrains. Les impacts de cette densification à outrance sont visibles dans le paysage urbain et dans la vie quotidienne des Chartrains : co-visibilité, perte d’ensoleillement, pollution, nuisances. Les recours se multiplient.

 

Cette bétonisation accélère la crise climatique : construire a un coût écologique exorbitant. « Un immeuble neuf nécessite 70 fois plus de matériaux et produit 5 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’une réhabilitation », précise la présidente du Conseil national de l’0rdre des architectes, Christine Leconte. Des solutions existent mais ne sont pas mises en œuvre : des matériaux biosourcés, d’origine végétale (bois, chanvre, paille, liège, lin, …) pourraient être utilisés pour ériger ou isoler : ils régulent la température l’été grâce à leur structure poreuse et réduisent grandement les besoins en chauffage l’hiver. Autre avantage : ils concourent au stockage du carbone atmosphérique pendant la durée de vie du bâtiment. Le quartier de la Madeleine pourrait être un exemple de réhabilitation. La majorité préfère le raser pour reconstruire des logements pourtant inaccessibles aux plus modestes.

 

Notre vision de l’habitat : une réflexion quartier par quartier, en concertation avec les habitants. Une priorité aux réhabilitations/améliorations des logements. Le retour à un rythme de construction raisonnable. Des logements qui répondent véritablement aux besoins des familles. Des maisons et immeubles qui respectent l’identité architecturale des quartiers. Des qualités de constructions qui s’appuient sur les ressources locales, valorisant les productions et l’activité agricole.