Le compte-rendu du conseil municipal du 16 novembre 2023 par Jean-François Bridet

12, January 2024

Je pensais commencer « tranquillou » par une explication de vote favorable pour l’acquisition d’un site industriel (ex-Maflow), afin d’y loger le centre technique municipal qui sera, par ailleurs, vendu à Novo Nordisk pour son extension industrielle. J’y salue la capacité de mutation des espaces urbains afin d’éviter l’extension urbaine et l’artificialisation des sols, notamment dans les espaces agricoles.

Bien mal m’en a pris : le maire se plaît alors à m’expliquer qu’en l’occurrence, les sites vont être plus artificialisés qu’aujourd’hui et qu’il s’amuse à nous voir voter cela. Au passage, il interpelle Olivier Maupu (pas encore arrivé) en se félicitant - à tort - de leur précédente passe d’armes au sujet de la bétonnisation chartraine. Il donne comme exemple de désartificialisation les projets du Colisée et du parking de la gare (« On y a mis des espaces verts ! »)…

Je profite néanmoins de cette fenêtre de tir pour expliquer que nous rêvons du jour où Novo Nordisk n’aura plus besoin de se développer. Cela signifiera alors que nous aurons réussi à stopper l’épidémie de diabète non héréditaire. C’est-à-dire que nous aurons alors collectivement réussi à réduire significativement ses causes environnementales : nourriture industrielle et pollutions de l’air, des sols et de l’eau. On nous fait comprendre avant tout que ce qui compte, c’est que cela crée de l’emploi et donc de l’attractivité. Tout va bien : de la malbouffe et de la chimie pour développer les épidémies, des industries pharmaceutiques pour les soigner, c’est beau la croissance économique !

Nous nous attaquons ensuite à une cession de foncier pour servir le projet Courtille (celui des Trois Marronniers) au profit du promoteur (dont 40% pour Chartres Développements Immobiliers). L’opération modifie le tracé du boulevard et permet de répondre à l’une des trois conditions imposées par le Tribunal administratif d’Orléans pour lever la récente annulation du permis de construire. Quand je déplore que désormais il semblerait que les promoteurs président au dessin de l’espace urbain, le maire et K. Dorange nous renvoient à leur interprétation erronée du jugement : ils considèrent en effet que nos précieux arbres sont condamnés. A l’exposé d’une interprétation plus précise par Quentin Guillemain, J-P Gorges lui répond : « Ces arbres vont disparaître, ils vont passer comme vous M. Guillemain : ça ne fait pas longtemps que vous êtes là, je ne pense pas que vous êtes durable ».

Petit intermède scatologique du président de séance, une obsession dirait-on : « Vous vous intéressez toujours aux crottes de nez pour en faire des tas ».

Plus que d’habitude, que ce soit au sujet du musée ou des accueils de loisirs, la moindre question ou demande de précision est transformée par le maire en carburant à polémique. Mais son numéro est toujours porteur d’information :

Au sujet du musée : « Les horaires d’ouverture et l’aménagement du lieu n’ont pas à tenir compte du projet Scientifique et Culturel. » Mme Dutartre et J-P Gorges nous jouent ensuite un petit duo bien préparé relatif aux accueils de loisirs : « Pour l’été 2023 où l’accueil s’est déroulé dans plusieurs écoles, nous avons constaté une hausse de fréquentation. », « Le Rigeard n’est finalement peut-être pas une bonne solution. » Dont acte ? Après le débat qu’il déclenche immanquablement par cette déclaration, le maire finit par nous expliquer « qu’il ne veut pas y faire des travaux trop rigides pour qu’en 2026, au pouvoir, nous puissions y faire ce que nous voudrons. » Une seule intervention en séance de M. Lizurey : « M. Guillemain, vous nous emmerdez » (propos non enregistré car hors micro, mais il est face à lui).

Très bizarrement, le maire quitte l’assemblée et laisse la présidence à Mme Fromont, 1ère adjointe, juste pour la délibération n°21 relative à la mission d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage concernant le projet de l’esplanade de la cathédrale : les raisons sont mystérieuses…

M. Vergne lance l’offensive : « Les grandes manœuvres sont lancées ». Il s’interroge sur l’intérêt archéologique, sur le coût prévisionnel, sur le succès attendu. Il qualifie le « musée de la fouille » ruineux, dangereux et hasardeux. K. Dorange : « Vous avez soutenu ce projet quand vous avez fait campagne avec nous. Vous ne parlez pas souvent mais quand vous parlez, vous dites des bêtises ».

M. Bonnet et Mme Fromont s’ajoutent au cœur des sarcasmes et nous démontrent que M. Vergne a aussi le droit au concours habituel de mauvaise foi. Il va devoir s’habituer.

La première adjointe demande à Olivier Maupu d’écourter son intervention en opposition au projet. Il proteste évidemment : « Vous allez faire ce que je vous dis », lui répond-t-elle ! Rendons-lui justice en publiant un extrait de son intervention :

Lors du dernier conseil municipal, vous avez cité la commission nationale du patrimoine et de l’architecture, en expliquant que l’avis était favorable à l’unanimité des membres. Tout cela a été repris dans la presse et, bien sûr, dans le Votre Ville pour bien marteler à tous que le projet était finalisé. Mais en fait, vous avez fait un raccourci bien maladroit, un raccourci mensonger !!

Vous savez, quand une commission d’enquête émet un avis favorable assorti d’une réserve, l’avis est réputé défavorable tant que la réserve n’est pas levée. C’est valable pour le Colisée, ou pour le projet d’autoroute A154 par exemple, vous vous souvenez, les avis sur lesquels vous avez l’habitude de vous assoir… La concertation, ce n’est pas votre truc à vous… Vous préférez visiblement imposer les pelleteuses, les toupies, le bon vieux béton…

Ici, il en est de même, puisque l’avis favorable de la commission du patrimoine est assorti de plusieurs conditions qui reprennent plusieurs raisons pour lesquelles nous sommes opposés au projet :

Comme nous, la commission estime indispensable que l’ambition soit plus grande sur le plan paysager en lien avec le caractère médiéval d’origine du site, Comme nous, elle dit que l’ambition doit être plus grande également pour améliorer le confort des usagers face aux effets du réchauffement climatique. Le « réchauffement climatique », vous savez, le GIEC, tout ça ! La nécessaire compétence en paysage à ajouter à la maîtrise d’œuvre est évoquée, est-elle présente dans la maitrise d’œuvre retenue ? Non ! Elle dit aussi de revoir la dimension du projet d’équipement culturel et de réduire le volume de la dalle pour laisser plus de place aux arbres de haute tige à planter en pleine terre. Comme nous, à nouveau, la commission estime que la maison canoniale ne peut faire l’objet de la création d’ouvertures disproportionnées. Il ne faut pas massacrer le patrimoine, vous comprenez ? Quant à l’escalier sur l’esplanade… comme nous, elle considère qu’il n’a rien à faire là ! Et qu’il faut accroître les espaces végétalisés. Votre projet est à revoir, ou mieux, à abandonner, mais vous préférez nous proposer au vote un accord cadre pour une maitrise d’œuvre d’un montant de 400 000 € HT d’argent public. Pour nous, c’est évidemment un grand NON !

Mme Fromont nous demande de procéder au vote après avoir refusé la parole à Quentin Guillemain. Il s’en suivra un échange de principe sur les pratiques démocratiques de ce conseil, que Mme Fromont conclura en beauté : « Le règlement intérieur ne nous oblige pas à écouter l’opposition ! ». Quand l’élève dépasse le maître…

Le maire revient en séance lorsque l’ordre du jour est épuisé (pourquoi est-il parti ?), afin de procéder à ces attaques en règle :

Vis-à-vis de L. Vergne au sujet de la cathédrale : « Il faut bien avoir fait l’ENA pour dire des choses pareilles, (…) faire autant d’études pour raconter des bêtises pareilles », « Vous êtes loin de ce projet, vous n’habitez pas Chartres ». « On espère que tous ceux qui passeront là y laisseront un billet de vingt euros ».

A l’encontre de M. Maupu : « On n’est pas là pour lire des textes », il s’acharne à expliquer que la CNPA a assorti son avis de recommandations. C’est faux : il s’agit de conditions !

Puisqu’on est dans le grand mélange, on nous ressort la grande réussite des parkings « qui n’ont pas coûté un euro aux Chartrains ». Erreur, encore : la modification de tous les réseaux urbains a été financée par l’agglomération et l’avis peut être demandé aux chartrain.es au sujet des tarifs de stationnement…